Le MALI d’aujourd’hui…prépare le MALI de demain !

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Le MALI d’aujourd’hui…prépare le MALI de demain !
Le MALI d’aujourd’hui…prépare le MALI de demain !

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Mali. Personne ne peut nier qu’en proie à une situation politique et sociale instable depuis plusieurs années, le Mali a connu, en l’espace de deux ans, deux coups d’état militaire (menés par le même homme, à savoir le colonel Assimi Goïta) qui l’ont plongé dans une grave crise, créant ainsi une situation extrêmement tendue entre lui et la France.

Les causes du conflit sont relativement nombreuses, allant de l’arrivée de terroristes étrangers sur le sol national au coup d’Etat militaire en passant par la corruption.

Au fil des mois passés, nous avons publié de nombreux articles sur la situation pertinente et parfois critiques au Mali, évoquant au fur et à mesures des évènements les rapports qui se dégradaient entre Bamako et Paris, surtout après le second coup d’État mené par les colonels en mai 2021, qui avaient pourtant promis de rendre le pouvoir aux civils en février 2022. Chose qui n’a pas encore eu lieu jusqu’à ce jour.

Une première approche consistait d’abord à donner la priorité à l’organisation d’élections libres, régulières et transparentes, parce que des institutions démocratiquement élues à Bamako, donc investies de la légitimité populaire, faciliteraient grandement les efforts visant à résoudre la crise qui sévissait dans le nord du pays.

Mais pour comprendre de mieux en mieux ce qui s’était passé au Mali, sachez que ce pays du Sahel africain fût déchiré par des conflits communautaires, plus ou moins violents, depuis son indépendance en 1960. Ce vaste pays abrite sur son territoire des groupes qui traversent les frontières, fragilisant les tentatives d’unité, ce qui a créé une situation qui s’était nettement dégradée en 2012.

C’est ainsi que le nord du pays s’est retrouvé alors contrôlé par une rébellion touareg qui est vite évincée par des alliés à des groupes associés à Al-Qaïda au Maghreb islamique, ce qui avait permis à des groupes armés de prendre le contrôle de trois régions du nord, Kidal, Gao et Tombouctou en y imposent la « charia ».

Depuis, arrivées par le nord du pays, les violences armées se sont étendues au centre du Mali et aux pays voisins, laissant apparaître aujourd’hui deux grandes entités qui sont présentes, l’une à l’ouest, Al-Qaeda, et l’autre qui se situe également au centre-ouest du Mali, dans la région du Macina. Ces deux mouvements ont formé le Groupe de soutien à l’Islam et aux musulmans.

Sans oublier qu’à l’est du pays, dans la région dite des « trois frontières », se trouve une troisième entité, qui obéit, quant à elle, à l’organisation Daech au grand Sahara.

Présente pour contrer les attaques de ces groupes armés, d’après ce qu’on avait toujours su, la France s’est dite dans l’impossibilité d’intervenir dans les affaires internes du pays, surtout que les coups d’Etat survenus au Mali posaient problème puisque l’un des piliers de la stratégie de Paris consiste à collaborer étroitement avec les forces armées locales dans l’espoir qu’elles puissent à terme assurer seules la sécurité au Sahel.

Or, il semble difficile pour la France comme pour ses alliés de travailler avec une institution auteure d’un coup d’Etat unanimement condamnée par la scène internationale.

Un autre facteur a fait irruption dans les relations franco-maliennes, ce sont les négociations entreprises par Bamako et le groupe privé russe Wagner, qui sont intervenues au moment où la France avait décidé de réduire le nombre de ses soldats déployés dans le Sahel, optant ainsi pour une présence recentrée et plus ciblée.

Quelques semaines auparavant, soit le 9 janvier 2022 à Accra au Ghana, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) avait imposé au Mali de « lourdes sanctions », que la réunion du vendredi 25 mars, toujours à Accra, avait décidé de maintenir en raison du retard pris par la Junte militaire de transition pour la remise du pouvoir aux civils.

C’est ainsi que le retrait des forces françaises et européennes du Mali s’intégra dans un plan de redéploiement au profit essentiellement du Niger voisin.

Ce retrait progressif de la France au Mali fût amorcé au début de l’été dernier, lorsqu’en juillet 2021 le président français Emmanuel Macron avait annoncé la fermeture de certaines bases militaires dans les villes de Kidal, Tessalit et Tombouctou d’ici la fin de l’année.

Le Mali, c’est fini ! Après neuf ans de lutte contre les groupes armés pour rétablir la stabilité et la sécurité dans plusieurs régions maliennes, les forces françaises et alliées ont décidé de quitter complètement le Mali en raison des ambiguïtés et de l’hostilité de la junte au pouvoir.

De leur côté, les mercenaires russes du groupe privé Wagner s’étaient empressés de prendre la place des Français.

« Nous sommes déjà au Mali », avait confié un des éléments russes wagnériens à la BBC, vers la fin du mois d’août 2021.

Entre-temps, des groupes armés communautaires se sont enracinés, contribuant à donner une dimension ethnique aux conflits de la région.

Alors que la violence prenait un caractère communautaire, les civils, hommes et femmes de tous âges, sont plus fréquemment ciblés sur la seule base de leur appartenance ethnique, et de ce fait la présence de l’État s’est trouvée « amoindrie » dangereusement, laissant ainsi plus de champs libres aux terroristes et aux groupes armés d’autodéfense pour contrôler de plus en plus de territoire.

Se trouvant déjà prise dans la tourmente des évènements, le Mali décida, sur un coup de tête, de se retirer le 16 mai 2022 du Groupe des cinq pays du Sahel Africain.

En effet, dans un communiqué lu par son porte-parole le colonel Abdoulaye Maïga, le gouvernement malien a annoncé le retrait du Mali de toutes les instances du G5 Sahel :

« Le gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale qu’à l’issue des travaux de la 7ème session ordinaire de la Conférence des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel, tenue le 15 février 2021 à N’Djamena, les Chefs d’Etat avaient convenu de tenir la 8ème session ordinaire à Bamako, en février 2022. Et conformément à la pratique établie, cette session devrait ainsi consacrer le début de la présidence malienne du G5 Sahel. Cependant, près d’un trimestre après le terme indiqué, ladite session de la Conférence des chefs d’Etat des pays membres du G5 Sahel ne s’est toujours pas tenue, en dépit des multiples initiatives prises par le Mali dans ce sens auprès des instances du G5 Sahel, pour y attirer leur attention ».

A noter que les choses devenaient de plus en plus « floues et dangereuses », sachant qu’un rapport de la mission de l’ONU au Mali (MINUSMA) avait déjà confirmé l’assassinat de 584 civils en 2021, un chiffre qui pourrait augmenter en 2022…

Nous invitons nos fidèles lecteurs de lire les articles ci-après que nous avons sélectionnés pour eux et qui ont été publié sur notre site web « Africa-Press ».

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