Anouar CHENNOUFI
Africa-Press – Tchad. La France ne s’était pas encore remise d’un coup porté par l’une de ses anciennes colonies sur le continent africain, qu’une autre claque plus douloureuse, plus percutante et plus puissante que la première lui était tombée sur la tête.
Après le Mali, dont les citoyens et les nouveaux dirigeants se sont soulevés contre l’intervention française dans leur pays, un soulèvement qui a contraint les autorités françaises à retirer leurs forces des terres maliennes, les feux de la colère contre la présence française en Afrique se sont propagés au Tchad – l’un des bastions les plus importants de la présence française en Afrique.
En effet, la capitale tchadienne, N’Djamena, et plusieurs autres villes du pays ont été témoins de manifestations généralisées, à la mi-mai 2022, et ce contre le maintien de la présence française dans le pays, accusant Paris de soutenir le Conseil militaire de transition au pouvoir, dirigé par Mahamat Idriss Deby, des manifestations organisées par la coordination de la plateforme de la société civile “Wakit Tama”.
Outre la participation d’un certain nombre de syndicats, d’associations et de partis d’opposition, ainsi que d’étudiants scolaires et universitaires. Il était remarquable que les manifestants aient hissé le drapeau russe et brûlé le drapeau français.
• Que se passe-t-il donc au Tchad ?
• Quelles sont les raisons de la situation explosive là-bas?
• Quelles sont les répercussions possibles sur l’intérieur tchadien ?
• Comment lire les événements dans le contexte de la politique française en Afrique ?
Autant d’autres questions qui exigent réponses et auxquelles nous tenterons de répondre par le biais de notre « plume » dans cet article qui est en fait un résumé des sujets qui seront abordés dans le dossier du « magazine ».
Dans ce pays du Sahel africain, la présence militaire française a été dénoncée dans le contexte d’un rejet croissant de l’implantation française sur tout le continent.
A noter qu’après le Mali puis le Burkina Faso, c’est au tour du Tchad de connaître une contestation qui a ciblé en priorité la force Barkhane et la présence française, sachant que dans les rues de N’Djamena, plusieurs centaines de Tchadiens avaient défilé, le samedi 14 mai, pour appeler l’ancienne puissance colonisatrice française à quitter le pays.
« Tchad houra, France barra », « Non à la France, nous sommes fatigués », « France, la voleuse », telles sont les phrases scandées par les manifestants tout au long d’une marche pacifique, où les tchadiens ont répété également, tant de fois, le slogan suivant :
“Le peuple tchadien est sorti pour exiger le départ de l’armée française du Tchad. La colonisation est terminée. Tchad libre, France dégage. Vive la révolte tchadienne.”
Plusieurs raisons semblent coïncider avec les manifestations déclenchées contre la France dans trois pays africains
D’abord, le coup d’État du Burkina Faso, après le Mali, était le quatrième des cinq pays du Sahel africain, ce qui représentait un grave problème pour Paris, car il se trouvait face à quatre régimes putschistes, sur le groupe de cinq, dirigés par des militaires qui ne sont pas d’accord avec sa politique dans la région.
Par conséquent, elle a été profondément troublée par les manifestations survenues au Tchad en mai 2022 car le conseil militaire y est le seul qui s’aligne sur elle parmi les cinq conseils militaires qui gouvernent les pays du Sahel (Burkina Faso, Tchad, Mali, Mauritanie et Niger).
Plusieurs faits récents ont prouvé que la France est confrontée à un dilemme dans ses relations avec ses anciennes colonies africaines, non seulement le Mali, le Burkina Faso et le Tchad, mais aussi le Niger et même le Sénégal.
Ces tensions dans les relations ont conduit à une nette augmentation du sentiment anti-français africain, et à cause de cela, les mouvements populaires et sociaux contre la présence française se sont multipliés.
Il ne faut pas oublier que le Tchad se classe cinquième en Afrique et vingt et unième dans le monde en termes de superficie. Ce pays tentaculaire a une superficie de 1,25 million de kilomètres carrés et recèle d’énormes richesses souterraines, dont les plus importantes sont le pétrole, le gaz, l’or, le fer, l’uranium et d’autres ressources naturelles importantes, sans compter sa situation stratégique.
Néanmoins, le Tchad est considéré aujourd’hui comme l’un des pays les plus pauvres et les plus arriérés du monde, bien que les raisons à cela soient nombreuses. On s’accorde à dire que la politique française à l’égard du Tchad y joue un rôle prépondérant. La France a cherché, depuis son occupation du Tchad au début du XIXe siècle, à faire du pays africain une base de la richesse qui pousse l’économie française à affronter ses crises.
La France a resserré son emprise sur l’économie tchadienne presque entièrement en forçant N’Djamena, ainsi que 13 autres pays africains, à adopter la monnaie coloniale, à savoir « le Franc CFA », faisant Paris le maître de facto de l’économie tchadienne. La France ne s’en contentait pas, mais obligeait ces pays – dont le Tchad bien sûr – à payer une taxe au Trésor français depuis son indépendance jusqu’à aujourd’hui.
En outre, la France cherche à protéger ses intérêts économiques directs au Tchad, devenu un pays pétrolier avec des réserves estimées à 1,5 milliard de barils. Le gouvernement Macron cherche également à remporter des marchés pour l’exploration minière et pétrolière à l’avenir, d’autant plus qu’il y a un triangle riche en uranium entre la Libye, le Tchad et le Soudan, Paris semble bien décidé à s’en emparer.
Nous nous devons de rappeler à nos fidèles internautes et lecteurs de consulter nos articles sélectionnés pour vous et que nous avions déjà publiés dans ce contexte.
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