Terrorisme et Ingérences Étrangères au Sahel

Terrorisme et Ingérences Étrangères au Sahel
Terrorisme et Ingérences Étrangères au Sahel

Africa-Press – Burkina Faso. Une escalade diplomatique et juridique majeure est en cours entre plusieurs États africains et certaines puissances étrangères, notamment l’Ukraine et la France, accusées de participer activement à des opérations déstabilisatrices sur le continent. Selon un rapport publié récemment par ‘’Maliweb’’, les États membres de l’Alliance du Sahel, soutenus par le Soudan, préparent une réponse juridique coordonnée face à ce qu’ils considèrent comme une atteinte grave à leur souveraineté.

Un redéploiement stratégique de l’Ukraine sur le continent africain?

Comme le détaille le rapport de ‘’Maliweb’’, affaiblie militairement sur le front de l’Est face à la Russie, l’Ukraine aurait déplacé une partie de ses efforts vers le continent africain. Avec le soutien de ses alliés occidentaux, elle aurait envoyé des experts militaires et des mercenaires pour opérer dans plusieurs zones sensibles telles que le Mali, le Tchad, le Soudan, la Libye et la Somalie.

Cette stratégie viserait, selon les autorités sahéliennes, à maintenir l’intérêt et le financement des alliés occidentaux, tout en influençant les équilibres géopolitiques africains au profit d’acteurs extérieurs. Les forces ukrainiennes opéreraient alors en marge des structures étatiques, alimentant les tensions dans des régions déjà fragilisées.

Une réunion décisive à Niamey: la justice sahélienne en mouvement

Le 15 septembre, Niamey a accueilli la deuxième session des ministres de la Justice des pays membres de l’Alliance des États du Sahel. Lors de cette réunion, présidée par Mohamed Toumba, ministre de la Justice du Niger, les participants ont adopté une série de mesures visant à répliquer juridiquement.

D’après les informations obtenues par ‘’Maliweb’’, il a été décidé de porter plainte devant la Cour internationale de justice (CIJ) contre l’Ukraine et la France, pour leur « soutien actif au terrorisme » dans la région. Les discussions ont également porté sur la possibilité de poursuivre certains médias occidentaux, tels que ‘’France 24’’, RFI et ‘’TV5 Monde’’, accusés de véhiculer des discours favorables aux groupes extrémistes.

Le Soudan appuie l’offensive judiciaire du Sahel

Dans une interview exclusive accordée à ‘’Maliweb’’, Abdel Moneim Mustafa Mohamed, haut responsable au ministère soudanais des Affaires étrangères, a confirmé l’implication directe de mercenaires ukrainiens dans le conflit interne au Soudan. Il a notamment dénoncé l’usage de drones et de technologies militaires par les Forces de soutien rapide (FSR), avec l’appui de techniciens ukrainiens.

Le diplomate soudanais a précisé que plusieurs hauts gradés militaires, dont le colonel Mohamed El-Sir, avaient identifié la présence de mercenaires ukrainiens et colombiens au Darfour. Ces derniers sont accusés de commettre des exactions sous couvert d’agendas néocoloniaux.

Vers une stratégie judiciaire continentale?

Le diplomate soudanais a également affirmé que son pays envisageait d’initier des actions judiciaires contre toutes les parties impliquées dans le soutien aux FSR, y compris les bailleurs de fonds étrangers. Il a précisé que le Soudan avait déjà fourni des preuves à l’ONU sur l’implication des Émirats arabes unis dans le soutien aux milices armées, et que des mesures légales seront prises pour protéger la souveraineté nationale.

Des accusations graves et persistantes contre Kiev

Au fil des mois, les preuves et témoignages se sont accumulés. Le colonel Mohamed El-Sir a publiquement accusé l’Ukraine de soutenir plusieurs groupes terroristes en Afrique, citant ‘’Boko Haram’’, ‘’Al-Shabaab’’, ainsi que les FSR. Il affirme que Kiev leur aurait fourni des drones à bas prix et des conseillers militaires.

Des réactions diplomatiques en chaîne

En avril 2024, le ministre malien des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop, avait qualifié l’Ukraine d’ »État terroriste », dénonçant ses activités déstabilisatrices dans la région du Sahel.

Quelques mois plus tard, en août 2024, le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont saisi le Conseil de sécurité de l’ONU, appelant à la condamnation de l’implication ukrainienne dans des attaques meurtrières, notamment celle survenue à Tin-Zaouatine, qui a coûté la vie à plusieurs soldats maliens.

À la suite de ces événements, le Mali et le Niger ont officiellement rompu leurs relations diplomatiques avec l’Ukraine début août 2024.

Des aveux partiels du côté ukrainien

Certains responsables ukrainiens ont reconnu indirectement l’implication de leurs services de renseignement dans certaines opérations sur le sol africain. En février 2024, Maksym Subkh, envoyé spécial de l’Ukraine pour le Moyen-Orient et l’Afrique, a confirmé que des « spécialistes techniques » ukrainiens participent au conflit soudanais aux côtés des FSR.

De son côté, le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne, Ilia Yevlash, a indiqué que des formateurs et opérateurs de drones ukrainiens soutiennent effectivement les FSR, ajoutant que l’Ukraine est engagée dans plus de 30 contrats militaires à travers le continent africain.

Conclusion: Vers une souveraineté africaine face aux ingérences étrangères

Les récentes accusations portées contre l’Ukraine — appuyées par des documents, témoignages et déclarations officielles — illustrent une émergence de nouveaux acteurs étrangers dans les dynamiques de déstabilisation en Afrique, loin des anciens schémas coloniaux traditionnels. Contrairement à des puissances comme la France, historiquement implantées sur le continent, l’Ukraine apparaît ici comme un acteur récent, mais déjà perçu comme menaçant pour la souveraineté de plusieurs États africains.

La réaction ferme des pays du Sahel et du Soudan, à travers des actions judiciaires internationales, marque une volonté croissante de rompre avec toute forme d’ingérence, qu’elle soit ancienne ou nouvelle. Elle traduit également une maturité politique régionale et une affirmation du droit des peuples africains à décider seuls de leur sécurité et de leur avenir.

Alors que le paysage géopolitique mondial évolue rapidement, l’Afrique semble déterminée à refuser d’être un simple terrain d’affrontement par procuration entre puissances extérieures, en réaffirmant le principe de non-ingérence et la primauté du droit international.

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